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Prologue
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Que nous ne vivons pas une crise du capitalisme mais bien au contraire le triomphe du capitalisme de crise
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3. |
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Penchée sur mes plants de tomates, désherbant délicatement tout autour et sectionnant les feuilles basses pour ne garder que la tête, je me suis vue travaillant sur mes tomates dans une zone très limitée de mon jardin, comme ces écrivains, ces poètes, ces professeurs maniant la binette, ou pensant quitter la ville, ou profiter davantage de leur résidence secondaire, ou pour les plus conséquents, reprendre enfin la lecture de Blanqui, là où ils l'avaient laissée en 75, ou prendre tout court Blanqui dont ils avaient oublié ou ignoré l'existence, une existence sabotée par leur ignorance.
C'est penchée sur mes plants de tomates, désherbant délicatement et sectionnant les feuilles basses que j'ai pris sur moi cette année de lire Blanqui, je m'y suis mise enfin pour la première fois. Ce n'est pas parce que nous avons 35, 45, 55 ans que nous ne voulons plus vivre une vie intense ou que nous ne voulons plus chanter des textes intenses. Ou bien les lire.
J'avais prévu d'acheter mes graines de tomates à la Société des plantes. Ils vendent et cultivent des semences oubliées, des graines de plantes anciennes, de tomates peu courantes, qui étaient sans doute plus délicates que les autres à semer et à faire grandir. Je n'étais qu'une débutante dans ce domaine.
Mais la crainte de n'obtenir qu'une tige cuite et jaune ou de ne rien voir percer justifiait-elle l'abandon de la Société des plantes? Je me suis vue plusieurs fois cherchant leur numéro de téléphone sur internet,
décrocher l'appareil et dire : Bonjour, vous n'auriez pas par hasard des graines de tomates faciles, parce que je débute et je ne sais pas si je vais y arriver.
J'avais prévu d'acheter mes graines de tomates à la Société des plantes mais la perspective de ne rien voir venir, ou de ne voir venir que du rachitique, l'a emporté, je me suis résignée, je n'ai pas acheté de graines à la Société des plantes mais des plants chez Jardin Hamel, ménageant ainsi une transition entre une vie sans tomates personnelles et une vie avec des tomates rares.
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4. |
Avalanche 1
00:26
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5. |
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Qu'il nous faut forcer la porte de là où nous sommes déjà.
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6. |
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Que la crise est un mode de gouvernement.
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7. |
Que la main vole
01:30
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Que la main vole, que le loup surveille.
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8. |
Avalanche 2
01:33
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Pour imposer un changement, déclenche une crise. Le capital, loin de les retouder, s'essaie désormais à produire les crises expérimentalement. Comme on déclenche des avalanches, pour se réserver le choix de leur heure et la maitrise de leur ampleur.
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9. |
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10. |
L’or rouge
01:26
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Nous sommes entrés dans la civilisation de la tomate, la marchandise la plus accessible de l'ère capitaliste. Tout le monde mange de la tomate dans tous les pays du monde, à raison de cinq kg par année et par personne. Elle représente un marché globalisé de dix milliards de dollars qui en dit long sur l'économie néolibérale. Elle circule en barils, comme le pétrole. La tomate est devenue une caricature des excès du capitalisme.
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11. |
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12. |
Avalanche 3
01:18
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13. |
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Qu'ils veulent nous obliger à gouverner
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14. |
By the Way
04:05
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Le pouvoir crée le vide, le appelle le pouvoir.
By the way, by the way, by the way.
Le pouvoir crée le vide, le appelle le pouvoir.
By the way, by the way, by the way.
Le pouvoir crée le vide, le appelle le pouvoir.
By the way, by the way, by the way.
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15. |
Lettre à ma mère
02:25
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Chère maman, si je parle d'un point de vue générationnel, je suis obligé de convenir de l'irréfutable constat : notre génération a été la pire ou la moins douée depuis deux cent ans. Tout d'abord et contrairement à nos prédécesseurs, nous avons été incapables de faire la moindre révolution conséquente même vouée à un échec. Pire, notre génération n'a pu projeter un modèle de lutte capable de s'opposer à l'avancée du capitalisme, poussé par ses logiques de crise et d'essoufflement. Ce qui, entre autres, nous coûte un autre constat : Maman, nous laisserons un monde plus réactionnaire, plus dur, plus précaire que celui dont nous avons hérité. Nous avons tout critiqué, et certaines fois réussi à foutre par terre différents trucs vieillis, mais nous n'avons rien construit ni rien mis à la place d'un point de vue de l'organisation, d'un point de vue de l'utopie, d'un point de vue de la perpective pour les exploités et opprimés. Finalement, nous n'avons jamais rien imaginé. Nous avons seulement recyclé d'une manière dilettante le syndicalisme rêvé, le démocratisme. Nous n'avons gagné aucune grande bataille. Nous n'avons pas été à l'égal des vieux du début du siècle créant les assos ouvrières ou de leurs enfants antifacistes participant aux libérations anticoloniales. Et que dire des générations plus anciennes! Nous n'avons pas été à la hauteur des vieux d'avant inventant les barricades et le socialisme utopique. Et je nous mets dedans, même nous qui avons tout donné pour le combat. Je peux parler de notre génération sans en faire une affaire personnelle. Oui, nous avons été défaits, certes! Mais en combattant. Le pire, c'est qu'une grande partie de notre génération ne s'est même pas battue ou a fait semblant du bout des lèvres. Pour l'instant dépolitisée, par notre faute, la génération qui se lève ne parvient pas à saisir là où nous avons failli. Elle nous regarde avec surprise et condescendance.
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16. |
À Ceux
02:43
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À ceux pour qui la fin d'une civilisation n'est pas la fin du monde;
À ceux qui voient l'insurrection comme une brèche, d’abord, dans le règne organisé de la bêtise, du mensonge et de la confusion;
À ceux qui devinent, derrière l'épais brouillard de la crise, un théâtre d'opérations, des manœuvres, des stratégies et donc la possibilité d'une contre-attaque;
À ceux qui portent des coups;
À ceux qui guettent le moment propice;
À ceux qui cherchent des complices;
À ceux qui désertent;
À ceux qui tiennent bon;
À ceux qui s'organisent;
À ceux qui veulent construire une force révolutionnaire, révolutionnaire parce que sensible;
Cette modeste contribution à l'intelligence de ce temps.
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